Cette semaine, l’équipe de votre newsletter préférée n’a pas le moral. Ceux qui vous écrivent ont le cœur rempli d’un chagrin sans mélange. Ceux qui vous écrivent ne sont que Candle in the Wind. Et seule la petite chapelle du 127 rue de Grenelle à Paris a pu nous offrir un apaisement.
Car cette semaine, nous pleurons la disparition des 90 guides de déconfinement par métiers co-élaborés par le ministère du Travail, les autorités sanitaires, les branches professionnelles et les partenaires sociaux. Le protocole de déconfiement du 24 juin, qui se substitue à celui du 3 mai, enterre les 90 guides d’un revers de communiqué de presse… POUF !
Seulement trois mois d’existence, pour ces petits documents partis trop tôt. Nous sommes des contribuables et nous exigeons un hommage national à ces guides que NOUS avons payés ! Une place devrait leur être accordée à la Bibliothèque Nationale de France (le Panthéon des guides partis prématurément).
Plus sérieusement, chaque nouveau protocole de dé-confinement jongle avec les contraintes. Comment organiser la protection des salariés dans des espaces de travail ouverts et en interaction avec les autres sphères de vie des salariés ? Une entreprise peut-elle demander à un collaborateur de faire preuve de civisme en-dehors de ses locaux et de son temps de travail ? L’influence de l’employeur s’arrête à la porte de l’entreprise, bien loin des attroupements de la fête de la musique…
L’actweet RH
Le travail de nuit nuit à la santé !
L’étude, menée par des chercheurs français, montre que le fait de travailler de nuit peut augmenter le risque de cancer du sein mais également de métastases… C’est la perturbation chronique du rythme de sommeil qui déséquilibrerait le système immunitaire. #EtViveLaQVT
Harcèlement compris avec le poste !
Ubisoft fait face à une vague d’accusations de harcèlement et sexisme sur les réseaux sociaux. Aux RH, on aurait répondu à l’une des victimes que cela faisait partie du business… L’OIT leur enverra leur convention sur le harcèlement qui entrera en vigueur dans un an ! #Ubihard
Blouse blanche qui broie du noir…
Il y a quelques semaines, vous pouviez lire sur For My People que le professionnel des RH était un peu le mal-aimé de l’entreprise. Il y a pire ! La médecine du travail ! Un métier qui n’attire pas et qui manque de reconnaissance, même en temps de crise sanitaire ! #WhatsUpDoc?
Info Cognito : la cour des grands.
Si vous avez des enfants, vous cogitez sans doute au meilleur moyen de leur assurer un avenir professionnel radieux. Vous savez que la transition entre les études et le premier emploi n’est guère simple. Et vous vous dites sans doute que le meilleur moyen de garantir un emploi prometteur à vos enfants est de leur faire suivre une formation longue dans un domaine qui intéresse les entreprises. Bref, vous pensez sans doute qu’un bac+5 en gestion est le sésame pour raccourcir le trajet entre les études et l’emploi.
C’est normal, c’est dans votre tête.
Le chômage des jeunes diplômés de bac +5 est une spécificité française : tandis que les autres jeunes de pays européens d’Europe occidentale sont près du plein emploi (3,7%), les jeunes diplômés français sont 9,2% à être à la recherche d’une insertion professionnelle un an après la fin de leurs études. D’où vient cette exception française ?
Pour répondre, l’équipe de la chaire Compétences, Employabilité et Décision RH (EM Normandie) a comparé les étapes d’accès à l‘emploi des jeunes français avec celles des jeunes Européens de 5 pays comparables. 682 jeunes diplômés de master de gestion ont été suivis de janvier 2017 (6 mois avant leur fin d’études) à septembre 2018. Les données recueillies permettent de repérer des types de trajectoires différentes selon les pays. Comment expliquer ces différences de parcours pour des jeunes de compétences égales ?
Les chercheurs se sont assurés que les différences de trajectoires ne s’expliquent ni par les différences de croissance ni par les différences de rigueur dans la protection de l’emploi. Il faut donc questionner la rationalité des acteurs et les processus de décision en matière d’embauche. Or dans certains pays, l’image des jeunes comme salariés est fortement stéréotypée : un stéréotype concernant les spécificités comportementales des jeunes explique 18,4% des différences de trajectoires en France. Cette peur d’un « péril jeune » est plus forte en France qu’ailleurs : elle explique les réticences françaises à offrir un emploi à un jeune diplômé. S’il faut plus de temps pour trouver un emploi aux jeunes Français, c’est qu’à compétences égales, les jeunes sont perçus comme moins attractifs en France que dans les autres pays européens.
L’employabilité n’est pas qu’un stock de compétences à apparier aux besoins des marchés. C’est aussi la perception, par les acteurs du recrutement, des compétences et des potentiels des individus. Et cette perception est imprégnée par les croyances qui organisent la vie sociale.
Conclusion : la prochaine fois que Jean-Michel vous demandera conseil pour orienter ses enfants, demandez-vous ce qui éloigne le plus les jeunes très diplômés de l’emploi : leur compétences ou les stéréotypes avec lesquels on les interprète