L’avantage des chiffres, des données et des statistiques, c’est qu’on peut leur faire dire ce que l’on veut. On peut même les présenter de différentes manières, pour mieux faire passer son message.
Exemple : j’ai un euro, mais quelqu’un de très généreux m’en a donné un autre. Je suis toujours pauvre, mais je viens de faire un profit de 100%, puisque j’ai doublé la somme que j’avais au départ. On oppose, ici, une valeur absolue à une valeur relative.
Mais cet euro n’a également pas la même valeur en France, au Portugal, ou en Thaïlande (en équivalence). Le contexte est donc, également, important, lorsque l’on aborde une information chiffrée.
Mercredi dernier (23 septembre 2020), Emmanuel MACRON a annoncé que le congé de paternité passera de 14 jours à 28 jours (pour la naissance d’un enfant), dont sept seront à prendre obligatoirement, à partir de juillet 2021. Pour le dire autrement : évitez de tomber enceinte maintenant… Attendez encore un peu, si vous souhaitez que votre compagnon puisse bénéficier de cette mesure.
Le congé de paternité devrait donc être allongé de 100% ! Formidable ! ON DOUBLE ! Bon… ça reste toujours beaucoup moins long que le congé de maternité qui peut durer jusqu’à 16 semaines pour le premier enfant, dont huit semaines à prendre impérativement. C’est également (potentiellement) moins qu’en Allemagne, en Suède, ou encore en Finlande (dans les deux premiers cas, il s’agit d’un congé parental à se partager entre les deux parents).
C’est quand même étrange… On pourrait presque croire que le père est moins important dans le développement de l’enfant, que la mère. Ou alors, est-ce la mère qui est moins importante au travail ?
Dans un cas, comme dans l’autre, quelque chose cloche et n’est pas cohérent… Pourquoi un père n’aurait pas le droit au même congé qu’une mère ? Doit-il retourner au front d’une guerre qui n’existe pas ? Ou alors il faut réduire la durée du congé maternité ? Non… Bien sûr qu’il ne faut pas y toucher. Cela ne viendrait à l’esprit de personne. Un enfant a besoin de sa mère. Mais pas de son père ? Bref ! Le serpent se mord la queue, sans doute parce qu’il génère une inégalité injuste.
Les réactions furent partagées sur les réseaux… Certains observateurs applaudissent une avancée qui va dans le bon sens, d’autres se disent que cela ne suffit pas et que nous sommes loin de résoudre le problème de l’inégalité professionnelle entre les Femmes et les Hommes.
Peut-être que la situation et les mentalités évolueront, quand on arrêtera de voir la parentalité comme un handicap, ou comme un frein à une carrière… Le temps nous le dira…
L’actweet RH
Problèmes évitables ou inévitables ?
Selon un récent sondage mené par l’ANDRH, auprès de… DRH, 73% des répondants indiquent « ne pas être concernés par une restructuration avec diminution des effectifs ». Les personnes interrogées « font tout » pour éviter cela… C’est à la fin du bal que l’on compte… #OnVerra
Absentéisme record en perspective ?
Avec la dégradation de la situation sanitaire, depuis maintenant plusieurs semaines, certaines personnes redeviennent frileuses à l’idée de retourner au bureau… Malakoff Humanis met en garde sur une recrudescence de l’absentéisme, malgré un appel au télétravail. #TesLàTesPasLà
Entreprises au féminin…
Les Femmes représentent désormais 42% des cadres, en France. C’est deux fois plus qu’en 1982… Mais où sont-elles le mieux pour travailler ? Great Place to Work a dressé une liste de 17 entreprises (clients payants ?) où il fait bon être quand on est une femme. #Marketing
RH 3000 : Papaëlla (maman aussi)
Bonjour, je m’appelle Antoine LAFOND et je reviens du futur, avec de bonnes nouvelles ! Cette semaine, je vous annonce que nous avons (enfin) atteint l’égalité professionnelle entre les Femmes et les Hommes ! Je ne vais pas vous mentir : ce fut long à obtenir, mais en l’an 3000, cette question ne se pose plus et on se demande même comment cela a pu être un sujet, par le passé…
Je veux que vous lisiez attentivement la prochaine phrase et que vous réalisiez à quel point la situation pouvait être absurde au début du troisième millénaire… En l’an 3000, les Femmes et les Hommes ont réellement les mêmes DROITS et les mêmes OPPORTUNITÉS. Cela veut bien dire que ce n’était pas le cas avant… Incroyable, n’est-ce pas ?
Au-delà des dispositifs législatifs et des cadres qui ont pu être mis en place par les différents gouvernements en place, ce sont surtout les mentalités qui ont évolué.
Je vous rappelle que le principe d’égalité de rémunération entre les Femmes et les Hommes, en France, a été inscrit dans une loi, pour la première fois, en 1972… Puis qu’une loi sur l’égalité salariale entre les Femmes et les Hommes a été promulguée en 2006. Illustration que les mentalités changent beaucoup plus lentement que les lois. Je vous laisse juger s’il faut en rire, ou en pleurer…
Bien évidemment, certains éléments déjà exposés dans cette saga ont contribué à faire de cette volonté d’égalité une réalité : s’appuyer sur les compétences de chacune et chacun, mais également licencier pour faute lourde toute personne ayant un comportement discriminant (neuvième épisode, pour en savoir plus). Cela passe l’envie aux managers de ne pas recruter une femme entre 25 et 35 ans, parce que le risque qu’elle tombe enceinte est quand même élevé, vous comprenez… Bien sûr que l’on entendait encore de telles réflexions au début des années 2000
Aujourd’hui, à l’aube du quatrième millénaire, les deux parents bénéficient exactement du même congé, lorsqu’un enfant doit naître. Il est, de plus, obligatoire, pour éviter, justement, tout déséquilibre (mais aussi pour le bien de l’enfant et son développement). L’équité entre les rémunérations est respectée. Le sexisme, véritable fléau sociétal, a disparu. Aucun genre n’est avantagé par rapport à l’autre… Bref ! Comme je vous le disais déjà précédemment, un gros travail d’éducation a été mené, pour (enfin) aboutir à ce résultat.
Ce futur est incroyable (même pour celles et ceux qui ne veulent pas d’enfants) et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant.
Rendez-vous la semaine prochaine, pour une future bonne nouvelle… ou une bonne nouvelle du futur !
Info Cognito : pourquoi les hommes ne s’autorisent pas à prendre des congés paternité
Vous pensez qu’une égale répartition des tâches domestiques dans les couples est bien normale. C’est pourquoi la nouvelle possibilité offerte aux pères de s’occuper plus longuement de leurs nouveaux-nés est, pour vous, un progrès significatif. Pères et mères ont à s’épauler, à partager les contraintes et à participer ensemble aux premiers jours de leur progéniture. Vous trouvez donc évident que salariés hommes puissent s’absenter pour endosser leurs responsabilités de pères. Et vous attendrez que ces absences soient perçues de la même façon par tous les collaborateurs de votre entreprise. C’est normal, c’est dans votre tête.
On sait déjà que, parmi les salariés, les cadres sont ceux qui utilisent le moins le congé de paternité. Adam Butler (département de Psychologie, Northern Iowa University) et Amie Skattebo (département de Psychologie, Pennsylvania State University) ont voulu savoir si le fait de s’absenter pour des raisons familiales était perçu différemment selon le genre. Ils ont donc rédigé quatre petits sécanarii qui racontaient la semaine de travail d’un responsable de production. Les quatre scénarii différaient selon le genre du salarié et selon qu”il ait eu ou non à s’absenter pour récupérer à l’école son enfant malade. Butler et Skattebo ont soumis à 96 individus l’un de ces quatre scénarii et leur ont demandé si le salarié décrit était performant et s’il méritait une prime.
Lorsque le salarié est une femme, s’absenter pour s’occuper de son enfant n’a aucun impact sur la performance ou sur l’octroi d’une prime. Au contraire, le fait d’avoir eu à s’absenter pour s’occuper d’un enfant malade dégrade l’image des hommes : ils sont jugés moins performants et méritent moins une prime que ceux qui ne se sont pas absentés. S’interrompre pour faire face à des imprévus familiaux semble normal pour une femme, mais passe pour une preuve d’incompétence pour les hommes : un homme doit avant tout se consacrer à son travail et ne peut, légitimement, s’absenter pour s’occuper de ses enfants.
Conclusion ? La prochaine fois que vous verrez l’un de vos collaborateurs hommes appeler sa femme pour qu’elle aille récuperer leur enfant malade, plaignez-le : il fait ce qu’il peut pour paraitre performant.