Depuis samedi soir, neuf territoires français sont soumis à un couvre-feu strict, à cause de la dégradation de la situation sanitaire. Que ce soit à Paris, ou dans toute l’Ile-de-France, mais également dans la métropole Aix-Marseille (pas de jaloux), à Lille, à Grenoble, à Lyon, à Toulouse, à Montpellier, à Rouen et à Saint-Étienne, il ne doit plus y avoir personne dans les rues entre 21h00 et 6h00 ! Mais que les habitants des grandes villes épargnées se rassurent : vous n’y échapperez (probablement) pas non plus… surtout après les vacances scolaires !
De cette nouvelle mesure découle une situation très intéressante… En effet, il ne s’agit pas d’un confinement comme en mars, avec obligation de se mettre en télétravail (ou au chômage partiel), et il ne s’agit pas non plus d’une période de « relâche » au cours de laquelle chaque personne est libre de circuler (comprenez « de se rendre au travail », évidemment) comme bon lui semble.
Certes, il existe une attestation (elle est de retour !) pour celles et ceux qui travaillent de nuit. Certes, le télétravail est fortement encouragé dans les entreprises où cela est possible. Certes, la ministre du Travail, Elisabeth Borne a demandé aux sociétés d’étaler les départs et les arrivées de leurs collaborateurs. Mais ce « nouveau protocole » change-t-il quelque chose à la vie des professionnels RH ?
La réponse est (espérons-le) « non ». Étant donné les étapes par lesquelles nous sommes passés ces derniers mois, il y a tout de même de grandes chances pour que les entreprises aient déjà mis en place ces mesures… ou y aient pensé… ou n’en aient rien à faire. Dans tous les cas, la réponse apportée ne sera pas un bouleversement en matière de fonctionnement. Au pire, une épine supplémentaire dans un pied déjà endolori.
En revanche, humainement parlant, il s’agit d’une configuration particulière… Faut-il se rendre au bureau et, potentiellement en partir plus tôt pour éviter la maréchaussée et les 135€ qui vont avec ? Faut-il rester chez soi ? Est-ce que si quelqu’un s’en va à 18h00 on lui souhaitera toujours une bonne après-midi, comme c’est le cas dans certaines boîtes ? Est-ce que le temps disponible ne doit être consacré qu’au travail, ou reste-t-il de la place pour sa propre vie ?
Bien évidemment, si vous êtes en télétravail, ces questions ne se posent pas vraiment. Idem, si vous respectez scrupuleusement des horaires du type « nine-to-five ». Dans ce cas, vous pourrez toujours profiter d’un afterwork bien mérité, mais légèrement raccourci.
Par contre, si vous vous rendez au bureau, que votre temps de trajet est assez long et que vous êtes au forfait jour, c’est un peu comme si vos journées faisaient moins de 24 heures… L’organisation de votre temps est légèrement chamboulée. Arriver plus tôt au bureau pour pouvoir en partir plus tôt ? D’accord, mais est-ce compatible avec votre vie de famille ? Poursuivre son travail à la maison (comme beaucoup le font déjà) ? Sacrifier sa soirée au théâtre, parce qu’elle a été avancée ?
Nos journées sont rythmées et centrées sur le travail. Ce couvre-feu en est une preuve supplémentaire, s’il en fallait une. La « nouveauté » réside dans la maîtrise de votre temps global. Alors oui, pour certaines personnes, cette contrainte ne changera rien, de part leurs contraintes personnelles. Mais pour d’autres, il s’agit d’une atteinte à leur liberté d’organiser leur temps… Liberté toute relative, car comme le dit l’expression : « métro, boulot, dodo ». Et ça ne date pas du week-end dernier…
L’actweet RH
Pas de retour en arrière…
Au lendemain de l’interview du Président de la République, Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH, a réagi aux propos d’Emmanuel Macron, notamment en évoquant le sempiternel sujet du télétravail, ou encore l’impact du couvre-feu sur les entreprises et leurs salariés. #NoWayBack
Au boulot, sans masque !
Nous ne sommes pas toutes et tous égaux face au port du masque, sur le lieu de travail… En effet, certains métiers bénéficient désormais d’une dérogation ! Outre les présentateurs à la télévision, il y a aussi les ouvriers du BTP, les soudeurs, ou bien… les nez. #CaptainObvious
On ne rigole pas pendant le travail…
Une étude de l’Université de Stanford met en évidence une perte généralisée de l’humour à l’entrée dans le monde professionnel. L’enquête menée auprès de 1,4 million de personnes de 166 pays révèle que la fréquence des rires et sourires baisse à partir de 23 ans. #VivezRiez
RH 3000 : rompre avec les habitudes
Bonjour, je m’appelle Antoine LAFOND et je reviens du futur, avec de bonnes nouvelles ! Cette semaine, je vous annonce que les entreprises accordent beaucoup d’importance au temps libre de leurs Collaboratrices et Collaborateurs… Cela a, bien évidemment, un impact positif sur leur bien-être et l’équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle, mais pas que !
Le schéma « métro boulot dodo » a fait son temps et n’est plus qu’un lointain souvenir en l’an 3000 (vous pouvez vous en réjouir). Si vous avez suivi tous les épisodes précédents de notre saga, vous savez déjà que les bureaux physiques n’existent plus et que la gestion du temps de travail est devenue très personnelle, avec une prise de congés libérée.
Mais là, c’est un peu différent… Le but est d’encourager chaque personne à prendre un temps pour soi, ou pour les autres. Aller au cinéma, lire un livre, se balader, assister à une conférence, voir une pièce de théâtre… Qu’importe ! L’objectif est de ne pas penser au travail et de s’octroyer du temps libre.
Pourquoi ? Tout d’abord, comme je vous le disais en introduction, cela permet de booster le bien-être de chaque Collaboratrice et chaque Collaborateur. Il s’agit de faire des choses que l’on aime, sans sentiment de « culpabilité », à côté du boulot…
Outre l’épanouissement personnel, il est nécessaire de mettre en avant un second aspect positif à ce dispositif : rompre avec la routine et les habitudes !
En quoi est-ce important, notamment pour l’entreprise ? Tout simplement parce que, de cette manière, la créativité de chacune et de chacun est stimulée ! En effet, on s’est rendu compte que ces temps libres étaient l’occasion d’avoir des interactions avec d’autres personnes, ou encore d’apprendre de nouvelles choses. De s’oxygéner le cerveau et de prendre de la hauteur sur ses missions et sur les problèmes que l’on peut rencontrer.
Ne pas penser au travail de manière frontale. Ne pas le voir comme le centre de tout. Réussir à s’en détacher pour mieux le retrouver, en étant ce que l’on est et en mettant à contribution l’ENSEMBLE de ses compétences.
Avec des personnes plus créatives, les entreprises deviennent plus disruptives et coupent leurs attaches avec les habitudes et le « run quotidien ». L’objectif étant de laisser de la place aux bonnes idées et de les concrétiser. En laissant du temps libre, on se donne les chances de créer des intrapreneurs qui aimeront ce qu’ils font.
Ce futur est incroyable (même pour celles et ceux qui ont beaucoup de passions) et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant.
Rendez-vous la semaine prochaine, pour une future bonne nouvelle… ou une bonne nouvelle du futur !
Info Cognito : le management des frontières à l’épreuve du porte-clés
Le télétravail se généralise et, avec lui, se dissolvent les repères habituels du travail. Vos collaborateurs travaillent depuis leurs bureaux, leurs salons ou leurs cuisines alternativement et, parfois, aléatoirement. Certains sont carrément insaisissables. En réaction, et au prix d’une négociation titanesque avec vos collègues des moyens généraux, vous avez obtenu que chaque membre de votre équipe dispose d’un téléphone professionnel. Vous croyez que rien, cette fois, ne devrait les retenir de décrocher quand vous les appelez. C’est normal, c’est dans votre tête.
Les travaux sur l’harmonie entre vie professionnelle et vie personnelle ont longtemps développée l’idée selon laquelle les débordements du travail sur la sphère privée étaient facteurs de pénibilité. A l’appui de cette idée, on pense évidemment au temps de travail et à la charge mentale. La vie familiale ne peut que souffrir de l’absence physique ou psychologique de l’un de ses membres. Mais des travaux plus récents ont introduit l’idée d’enrichissement mutuel : le travail peut, aussi, enrichir la vie personnelle (et réciproquement). Or tous les individus ne bénéficient pas de ces gains. Pourquoi ?
Nous sommes tous équipés de clôtures psychologiques qui établissent des frontières entre nos différentes sphères de vie. Et nous avons des façons différentes de gérer ces frontières, selon nos préférences et nos compétences. Les segmenteurs préfèrent une séparation nette : dans leur bureau pas de photo de leurs familles ; nul échange sur leurs vacances ou leurs enfants à la machine à café. Evidemment, il est possible pour eux de rester tard au bureau, mais il est impossible de ramener du travail à la maison. A l’inverse, les intégrateurs ne segmentent pas les deux univers. Ceux sont eux, par exemple, qui utilisent le même porte-clés pour les clés de leur bureau et celles de leur maison.
Conclusion ? La prochaine fois que l’un de vos collaborateurs en télétravail ne décrochera pas son téléphone pro aux heures de bureau, plaignez-le : c’est peut-être un segmenteur qui a perdu ses clés…