D’un côté, nous avons la « Fête du Travail », et de l’autre, nous avons la « Victoire de 1945 ». D’un côté, nous sommes confinés, mais de l’autre, dans une semaine, nous serons… moins confinés. Prenons le temps d’observer cette sorte d’entre-deux et de contempler, en ce mardi 05 mai 2020, cette distorsion temporelle dont nous sommes les témoins privilégiés !
Loin de nous l’envie de vous initier à la relativité restreinte et à la dilatation du temps, car nous ne faisons pas allusion à ces découvertes grandioses, du scientifique moustachu le plus célèbre de l’Histoire : Albert Einstein. Ici, on ne parlera que de la perception personnelle du temps…
Vous savez, cette impression que le temps défile beaucoup plus lentement à certains moments (notamment quand vous vous ennuyez), mais aussi beaucoup plus rapidement, à d’autres (comme lorsque vous lisez cette newsletter exceptionnelle, par exemple).
Notre postulat est donc le suivant : le confinement a généré une « rupture » dans notre façon de percevoir le temps. Le télétravail face au bureau, l’activité face au chômage partiel, le plein de la ville face au vide… Le temps est un ressort qui a été étiré à l’annonce du confinement et qui devrait reprendre sa forme initiale, « progressivement » (pour reprendre le terme de prudence du Premier ministre).
Un retour à la « normale » ? NON ! A la place, ce sera la fête(uh) le lundi 11 mai 2020… ou pas ! Car cette distorsion temporelle a, semble-t-il, fait naître quelque chose. Certaines personnes se refusent de vivre « comme avant », par exemple. La semaine dernière, nous parlions d’une augmentation probable des reconversions. La consommation, l’environnement, la solidarité, ou encore la remise en avant de certains métiers, sont des sujets régulièrement évoqués.
Ajoutez à cela la nuque longue et la barbe, à cause de la fermeture des coiffeurs, le style vestimentaire « casual » auquel on prend goût, et vous obtiendrez… la renaissance du mouvement hippie ! Si vous écoutez attentivement La fête de Michel Fugain & le Big Bazar (s’il vous plaît, faites-le, car en cette période, la chanson prend une toute autre envergure), vous aurez une description méticuleuse de ce que les gens aimeraient, le lundi 11 mai 2020 ! Michel Fugain est donc un visionnaire !
Alors ? Rien ne sera plus jamais pareil ? Impossible à affirmer… Même les hippies ont fini par couper leurs cheveux.
L’actweet RH
Les cadres + le télétravail = <3
Il semblerait que le travail à distance ait séduit quelques cadres ! Une enquête menée par l’IFOP, avec Securex, montre que 70% de cette population, actuellement en « télétravail », souhaitent le rester, après le confinement ! Mais pas pour toujours, évidemment… #BienChezSoi
Le casse-tête des parents !
Vous vous occupez d’un enfant (ou plus) de moins de 16 ans ? Le télétravail n’est pas compatible avec votre parentalité et vous êtes au chômage partiel ? Vous ne savez pas si vous remettrez votre enfant à l’école, en mai ? Vous le ferez certainement en juin ! #AttestationLeRetour
Savoir se retirer à temps…
D’un côté nous avons une pandémie toujours bien active, et de l’autre nous avons une fin de confinement, avec la réouverture de commerces et d’entreprises… On parie que la tentation du droit de retrait sera grande ? Mais attention aux abus ! #MonCollègueMaladeNeSuffitPas
RH 3000 : la « réunionïte » soignée !
Bonjour, je m’appelle Antoine LAFOND et je reviens du futur, avec de bonnes nouvelles ! Cette semaine, je vous annonce que le nombre d’heures passées dans des réunions improductives a sévèrement été réduit ! Elles existent toujours, malheureusement, mais elles sont moins nombreuses…
Cette diminution s’explique par une « réappropriation » du temps (de travail). Je m’explique ! Dans le premier numéro de RH 3000, je vous expliquais que les bureaux n’existaient plus et que les gens pouvaient, désormais, se connecter virtuellement à leur espace de travail, avec une projection de leur environnement professionnel, à la maison. Dans la deuxième édition, je vous affirmais que les congés étaient libérés et qu’il était possible de les prendre, quand on le souhaitait.
C’est l’association de ces deux éléments qui a généré la chute du nombre de réunions. En effet, chaque personne décide de son rythme de vie ! Et je ne vous parle pas de vacances et de jours de repos, mais bien de journées travaillées.
Une journée compte 24 heures (ça, ça ne change pas, dans le futur). Chaque personne est donc libre d’occuper ces 24 unités de la manière dont elle le souhaite ! Pourquoi se lever systématiquement le matin, pour se connecter à son bureau ? Pourquoi faire une journée de travail avec un temps le matin, puis une pause déjeuner, puis un temps l’après-midi ?
Vous le savez désormais, en l’an 3000, le travail est constitué d’une mission et d’une date butoir. C’est tout. Par conséquent, quand vous décidez de travailler, vous travaillez aux heures où vous vous sentez le mieux. Cette façon de penser règle la question de la sieste au travail. Chacun fait comme il veut à ce niveau-là.
Mais quid, donc, des réunions, si chaque personne peut se connecter à son environnement de travail quand elle le veut ? La réponse est assez simple : un cadre a été imposé, afin de rendre possible la tenue de réunions (en l’an 3000, on a bien conscience qu’un monde sans réunion est assez utopique). Les entreprises ont le droit (oui, le droit du travail existe toujours aussi, mais j’en parlerai dans un autre numéro) de poser trois créneaux d’une heure chacun, par jour, pour que des réunions puissent être organisées. Généralement, il y en a un dans la matinée, un en début d’après-midi, et un en début de soirée, afin de concilier les différents temps de vie.
À la fin de l’heure écoulée, les participants sont automatiquement déconnectées de la salle de réunion. Un compte-rendu est automatiquement envoyé par une intelligence artificielle qui a enregistré les conversations et les a donc compilées. L’audio de la réunion est enregistré et reste disponible 24 heures.
Ce cadre oblige les intervenants à être efficaces et à ne discuter que de l’essentiel. Ainsi, les moments où l’on trouvait le temps long en réunion, parce que l’on s’ennuyait, n’existent plus !
Comment s’accorder sur le créneau à retenir ? Ce n’est pas beaucoup plus compliqué qu’en 2020, à vrai dire. L’avantage, c’est qu’en l’an 3000, chaque personne n’a que trois temps fixes, d’une heure, accordés aux réunions, par jour.
L’objectif a été, en 2267, de stopper la « réunionïte » en entreprise. Cela a pris du temps, puisqu’il a fallu que les entreprises assimilent la libération des congés, pour qu’ensuite elles acceptent la « réappropriation » du temps (de travail), par chaque personne. Elles ont réussi à voir l’avantage d’un tel système, puisqu’en travaillant à leur rythme de préférence, les gens sont beaucoup plus efficaces et performants ! Encore une fois, c’est un futur gagnant-gagnant que je vous décris…
Et ce futur est incroyable (même quand on aime bien les réunions) et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant.
Rendez-vous la semaine prochaine, pour une future bonne nouvelle… ou une bonne nouvelle du futur !
Info Cognito : la stupeur du deuxième entretien.
Comme la plupart des recruteurs, vous êtes souvent déçu en rencontrant une deuxième fois un même candidat. Comme si ce candidat avait changé, comme si l’image qu’il avait laissée n’était pas la bonne. C’est normal, c’est dans votre tête…
Raconter le dernier épisode de notre série préférée, évoquer le dernier afterwork et, évidemment, débriefer la rencontre avec le meilleur candidat de la semaine prennent du temps. Thomas Britt et Judith Tims, deux chercheurs californiens en sciences cognitives, ont mesuré ce temps : il faut, en moyenne, 1,4 fois plus de temps pour raconter un événement qu’il n’en faut pour le vivre. Pourquoi ?
Selon Britt et Tims, notre mémoire opère deux transformations dans les informations que nous recevons. La première est de fabriquer une histoire : nous retenons une « big picture », un récit, avec sa chronologie et ses rebondissements, plutôt qu’une collection de faits. Nous « storytellons » ce que nous vivons. Et cette histoire doit être cohérente. Nous avons donc tendance à rejeter, donc à oublier, tout ce qui est secondaire, tout ce qui ne rentre pas dans l’histoire. Car nos processus cognitifs détestent ce qui leur échappe, ce qui leur est impossible à interpréter et ce qui ne colle pas avec la « big picture. » Ils ne retiennent que ce qui leur paraît cohérent. Les récits ne reprennent qu’une petite partie des faits ou des propos échangés.
Alors, pourquoi faut-il plus de temps pour raconter un événement que pour le vivre ?
Toujours selon Britt et Tims, les histoires que nous retenons contiennent plus d’informations qu’elles n’en donnent. Aux faits s’ajoutent nos commentaires et, surtout, nos interprétations. En débriefant votre dernier candidat, vous passerez plus de temps à commenter et à interpréter ses propos qu’à les décrire. Par exemple, à propos d’un changement de poste, vous retiendrez les faits (les postes occupés), les explications apportées par le candidat et vos interprétations de ces justifications. Conclusion : interprétations et informations sont difficiles à dissocier, et les interprétations sont nettement plus nombreuses que les informations. Et c’est ainsi que les échanges avec votre candidat sont revisités pour devenir une histoire logique. Une histoire si logique et convaincante que nous la tenons pour vraie… jusqu’au deuxième entretien, quand la réalité se rappelle à nous. Ou jusqu’à la rencontre entre le candidat et son potentiel manager, qui s’étonne des décalages entre votre présentation et la personne en face de lui.
Les outils qui mettent de l’objectivité dans l’évaluation, comme les tests évidemment, sont des moyens efficaces pour lutter contre le phénomène décrit par Britt et Tims. Ils agissent comme des ancres avec un bateau : quand le courant ou le vent change, le bateau bouge mais jamais plus loin que son ancre. Quand nos mémoires reconstruisent à notre insu les informations concernant un candidat, les tests nous ramènent vers le réel. Moins poétique mais plus efficace pour éviter la stupeur du deuxième entretien.