Je fais de toi mon essentiel

La crise économico-socio-sanitaire (encore elle) que nous traversons est un véritable fléau humain. Au-delà des victimes que l’on dénombre chaque jour, pratiquement à heure fixe, ce chaos aura des conséquences psychologiques importantes et profondes… Peut-être même dramatiques.

Aujourd’hui, il est impossible d’ignorer l’impact du confinement sur la santé mentale. C’est une réalité ! C’est un problème sérieux, mais qui semble être pris à la légère. C’est un lourd héritage que la population traînera pendant des mois, si ce n’est des années… Il est urgent de s’en préoccuper.

Car à cette restriction physique (l’interdiction, théorique, de sortir de chez soi, afin de limiter la propagation du virus), il faut ajouter des messages violents délivrés par le Gouvernement. Ils sont tantôt explicites, tantôt plus implicites. Faire culpabiliser les gens en disant qu’ils ne sont pas disciplinés et que, par conséquent, le confinement durera plus longtemps… Infantiliser au possible les communications… Mais aussi, et surtout, définir ce qui est « essentiel », de ce qui ne l’est pas…

À l’heure où la quête de sens dans le travail semble faire l’unanimité, entendre ces discours clivants a de quoi désorienter… En effet, on essayerait de diviser la population entre ceux qui obéissent et ceux qui ne respectent pas les règles, entre ceux qui comprennent et ceux qui n’ont pas la lumière à tous les étages, entre ceux qui ont un travail / un commerce essentiel et ceux qui ne servent pas à grand-chose, on ne s’y prendrait pas mieux !

Imaginez un instant tenir de tels propos, publiquement, au sein d’une entreprise ! Imaginez le patron déclarer qu’il y a des métiers, et donc des collaboratrices et des collaborateurs, qui ne sont pas essentiels et dont on se passera pendant un moment. Imaginez les réactions…

Il y aurait une bataille pour défendre les métiers qui auront été jugés « non-essentiels », afin de prouver qu’ils sont nécessaires, car ils font partie d’une même chaîne. Qui peut vraiment juger du caractère essentiel d’un métier, d’un commerce, d’un homme, ou d’une femme ?

Car derrière chaque boulot, derrière chaque boutique, il y a des êtres humains et il y a des choix de vie. Les discours stridents brisent sans doute des vocations, des ambitions qui reposent sur des passions, de futurs parcours de vie… Comment ne pas en souffrir ? Comment ne pas remettre en question ses décisions ?

Et ne nous croyons pas épargnés, nous les professionnels de la Fonction RH. Oui, nous sommes sollicités pour le télétravail, pour trouver des solutions à cette situation inédite… Mais n’oublions pas que nous sommes toujours perçus comme un centre de coût et que notre caractère essentiel peut vite s’évaporer.

Cela fait plusieurs semaines que nous le répétons, mais la santé mentale de chaque membre de votre entreprise sera potentiellement touchée par les événements que nous vivons. Nous avons l’occasion de jouer un rôle dans leur bien-être, en tenant des discours rassurants et positifs, en nouant des liens plus personnalisés, ou encore en trouvant des idées innovantes pour garder la tête hors de l’eau. Si chaque collaboratrice et collaborateur se sent essentiel, alors leur entreprise a de grandes chances de l’être en retour, dans leur esprit.

 

L’actweet RH

Du télétravail jusqu’à la rentrée !

C’était à craindre, ou à espérer (tout dépend dans quel camp vous vous situez) : le télétravail à 100%, lorsque cela est possible, durera, au moins, jusqu’à la fin des vacances de Noël ! Ce ne sera pas plus strict, ni plus souple… Et après ? Janvier, c’est loin ! #QuiVivraVerra

Confinement écolo…

Le télétravail (encore lui) limite, par définition, les déplacements. Inutile de prendre sa voiture ou les transports en commun. Conséquence : diminution de 60% des émissions d’oxyde d’azote et de 35% de CO2. Par contre, à la maison, ça y va avec le chauffage ! #CestPasVersailles

Le cauchemar de l’endométriose…

Nous sommes en 2020 et selon une étude, 82% des femmes interrogées, diagnostiquées avec une endométriose, auraient des réticences à demander des arrêts à leur médecin pendant leurs crise, par peur de perdre du revenu, ou d’avoir des reproches… La pression sociale… #ShameShame

 

RH 3000 : les pièces d’un puzzle

Bonjour, je m’appelle Antoine LAFOND et je reviens du futur, avec de bonnes nouvelles ! Cette semaine, je vous annonce que chaque Collaboratrice et chaque Collaborateur est une pièce essentielle de la vie en entreprise. Cela peut être évident, mais en plus d’être un fait, chaque membre de l’équipe en a pleinement conscience (ce qui n’est pas tout à fait la même chose).

En réalité, la Collaboratrice et le Collaborateur n’existent plus depuis bien longtemps, en l’an 3000. On a fini par comprendre que les postes étaient occupés par des êtres humains, avant tout. Des individus qui ont des carrières qui suivent un parcours de vie, faites de choix qui leur sont propres, des aspirations, des convictions… Reconnaître une personne pour le travail qu’elle réalise, c’est reconnaître tout ce bagage qu’elle a rempli, au fur et à mesure des années.

L’entreprise est vue comme un puzzle, dont chaque personne représente une pièce. Sans l’une d’elles, l’image est incomplète et l’édifice ne tient pas debout. Il faut commencer par le cadre (les bords), puis on attaque l’intérieur, petit bout, par petit bout. On complète les équipes indépendamment, puis on finit par les assembler et les lier.

Chaque morceau est important et détient des compétences essentielles. Chaque pièce a le pouvoir de communiquer avec une autre, qu’importe où elle se trouve sur le puzzle. Les liaisons sont donc importantes, car il suffit d’une pièce en moins pour que l’information ne circule plus aussi bien…

Cette métaphore du puzzle a été utilisée par une entreprise du secteur du tourisme, en 2121, lors d’un nouveau confinement pour cause de pandémie. Une nouvelle fois, la politique a opposé les commerces jugés « essentiels » et les activités qui ne l’étaient pas. Une nouvelle fois, le tourisme a souffert de cette mesure. L’un des leaders du marché a donc pris la parole publiquement et a adressé un message à l’ensemble de ses membres, non pas en passant par la voie de la communication interne, mais en s’exprimant par le biais d’une campagne média de grande ampleur. C’est à partir de ce moment que les mentalités ont commencé à changer…

Cette reconnaissance publique de la valeur de chaque individu, au sein de l’entreprise, a permis de booster l’engagement, mais également d’attirer des profils que l’entreprise n’aurait jamais touchés, avant. Certaines personnes ont crié à l’opération marketing, mais le discours a été suivi de faits, notamment avec la mise en place d’une hotline interne pour venir en aide aux Managers qui auraient besoin d’un accompagnement pour tenir une posture de leader sain et humaniste.

Car il s’agit bien d’avoir uniquement des pièces différentes, mais qui complètent le même puzzle. La même image. Chaque pièce est unique, mais sert le business de l’entreprise… Il suffit aussi d’une pièce qui ne s’intègre pas bien à l’ensemble, que l’on force à mettre, pour fragiliser l’ensemble.

Pendant plusieurs années, cette entreprise a obtenu des distinctions en matière d’innovation RH et a trusté le haut des classements des entreprises où il fait bon travailler. Elle a souvent été imitée, mais restera la première à avoir remis en question, publiquement, le caractère essentiel d’un métier, ou d’une activité, prenant ainsi la défense de l’ensemble de ses membres.

Ce futur est incroyable (même pour les impatients qui n’aiment pas faire de puzzle) et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant.

Rendez-vous la semaine prochaine, pour une future bonne nouvelle… ou une bonne nouvelle du futur !

 

Info cognito : Resiliency and beyond

L’idée de résilience est sur toutes les lèvres. Quoi de plus logique en ces temps troublés ? La crise, l’incertitude et cette société du risque mettent les entreprises et les salariés au défi de se réinventer. Et les textes de Boris Cyrulnik vous ont appris que, face aux pires traumatismes, certains se relèvent et d’autres non. Vous pensez donc que nous ne sommes pas tous égaux devant les crises et que la résilience, finalement, est surtout une question de ressources psychologiques ou de « capital psychologique » individuel. C’est normal, c’est dans votre tête.

Khadija Charaoui, de l’université de Bourgogne, s’est penchée sur la résilience des soignants. Le burn-out est une menace sérieuse pour ces individus car ils sont confrontés à du stress important, varié et cumulé : risques médicaux, incivilités, exigence de réponses rapides, faibles perspectives d’évolution, conflits de statuts, horaires décalés et difficultés à harmoniser travail et famille. 

L’étude montre que ce ne sont pas des caractéristiques psychologiques individuelles qui protègent du stress : ce sont, avant tout, des régulations collectives. Les soignants qui évitent le burn out appartiennent à des groupes de collègues dans lesquels le partage, la solidarité et la bienveillance agissent comme des modérateurs. Ce résultat rappelle le rôle des collectifs dans la régulation des effets psychologiques individuels du travail. Les groupes apportent compétences et connaissances, mais ils permettent surtout une gestion collective des émotions. La résilience se construit dans les équipes ; en faire une question de ressources individuelles est erroné ; mais c’est surtout dangereux : en renvoyant l’individu à lui-même, on le prive de moyens et on crée un sentiment d’insuffisance qui, lui-même, est un facteur de stress.

Conclusion ? 

La prochaine fois qu’on vous demandera un plan d’actions pour développer la résilience, évitez le duo bonus et Boris. 

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