Le week-end dernier, nous avons dit « adios! » à un printemps que l’on qualifiera volontiers de compliqué… et accueilli à bras ouverts un été que l’on espère prospère. La Covid-19 va laisser sa place à la Canicule-20 sur les chaînes d’information en continu. Au frais sous la clim, les stagiaires vont tenir les murs des entreprises pour un prix défiant toute concurrence. Le touriste français semblera un peu moins agaçant que d’habitude, car le confinement a abaissé le seuil de tolérance des commerçants. Bref ! C’est l’été.
L’été, dans le « cercle de la vie » (dixit Mufasa), c’est le bel âge. C’est la jeunesse, mais sans l’acné et l’école. C’est une époque rayonnante, où tout semble possible. C’est l’amour à la plage (ahou tchatchatcha). C’est la construction excitante d’une vie de famille, ou d’une vie en solo. C’est la saison de l’expansion !
Dans la vie professionnelle, la période estivale est celle qui succède à l’apprentissage et aux études. On a reçu une formation. On a fait des stages, ou de l’alternance. Et puis on rentre, pour de bon, sur le marché du travail. Dans la vie active. On engrange de l’expérience. On est mobile. On évolue. C’est la saison de la croissance !
Bien évidemment, le printemps a une incidence sur l’été. Le printemps 2020 a été rude, il faut donc donner un coup de pouce pour que l’été se lance sous les meilleurs auspices… c’est certainement pour cela que Bruno Le Maire est « plutôt favorable » à la création d’une prime pour les entreprises qui embauchent un jeune.
La crise sanitaire et économique justifie, donc, une aide pour booster l’emploi des jeunes.
Mais si le printemps a une incidence sur l’été, il en est de même de l’été sur l’automne. Et dans l’environnement professionnel l’automne arrive vite. Crise ou pas, l’emploi des personnes de plus de 45 ans est structurellement compliqué. La situation empire après 50 ans. Passé un certain âge, démissionner représente un risque considérable.
Et si on changeait l’ordre des saisons ? La reconversion professionnelle crée des secondes jeunesses : elle permet à l’été et à l’automne de repasser par le printemps sans passer par l’hiver. Plus difficile à mettre en œuvre quand on avance dans la vie (la famille, les crédits, les responsabilités, et la liste est longue), cette option permet, parfois, de rebattre les cartes de la vie professionnelle. Mais, preuve que le monde est injuste et que le diable se niche dans les détails, les tarifs étudiants s’arrêtent à 26 ans… De quoi crier… « FOREVER YOUNG, I WANT TO BE FOREVER YOUNG !!! ».
L’actweet RH
Climat et temps de travail…
La convention citoyenne pour le climat passe en revue 150 mesures qui lui ont été soumises. Parmi elles, la réduction du temps de travail à 28 heures par semaine qui a été rejetée à 65%, suite à des débats passionnés, pour des raisons de légitimité, semble-t-il. #FautPasDéconner
Les femmes, le salaire et la maison…
Mais d’où proviennent les écarts de salaire entre les femmes et les hommes ? L’Insee a révélé quelques statistiques intéressantes à ce sujet (apparemment, 40% de l’inégalité proviendrait du temps de travail). Du coup, et si on rémunérait le travail domestique ? #ÇaPiqueSévère
Les sept épinglés !
Vous vous souvenez des sept entreprises qui ont été citées, à la suite de la campagne de testing, afin d’évaluer le niveau de discrimination à l’embauche ? Oui ? Hé bien elles vont passer une journée en formation ! Un bon coup de pub pour le cabinet qui l’anime… #LOL
RH 3000 : une carrière intemporelle
Bonjour, je m’appelle Antoine LAFOND et je reviens du futur, avec de bonnes nouvelles ! Cette semaine, je vous annonce que le temps (pas la météo) n’est plus un paramètre qui influe sur la carrière des gens… Pour le dire autrement : tout est possible, professionnellement, à tout âge !
Comme je vous le disais dans le cinquième épisode de cette série (il est incontournable, je le cite tout le temps), votre « skills package® » est ce qui vous caractérise professionnellement parlant, en l’an 3000. La somme de vos compétences, leur complémentarité entre elles et avec celles que l’entreprise détient déjà… Et je précisais également que « chacun est libre d’ajouter les compétences qui lui plaisent »…
Dans le futur, vous imaginez bien que l’être humain ne ressemble pas à celui de 2020… Son espérance de vie est plus longue, car les progrès médico-technologiques lui ont permis de remplacer certains organes vitaux par des organes artificielles. Au-delà de ça, sa capacité d’apprentissage a également été décuplée, puisqu’il suffit simplement de se télécharger une compétence pour la connaître. Dans Matrix, Neo disait « I know kung fu ». Dans la vraie vie, Jean-Michel dit « I know compta’ ».
Bien évidemment, la capacité de stockage du savoir et des compétences n’est pas illimitée. Le côté humain l’emporte malgré tout, je vous rassure. On ne se trimballe pas avec une mémoire externe sous le bras, par exemple. Notre cerveau reste notre cerveau (même si en presque mille an, il a eu le temps de bien grossir).
Vous vous demandez aussi, certainement, ce qui fait la différence entre deux personnes qui téléchargent la même compétence, en sachant qu’à une compétence ne correspond qu’une source de téléchargement (il n’y a pas plusieurs éditeurs qui se battent sur le marché, un peu comme des écoles seraient concurrentes, parce que l’une propose de meilleurs cours que l’autre). La réponse se trouve également dans Matrix : la pratique !
En l’an 3000, il est possible d’ajouter des compétences, mais il n’est pas encore possible d’en supprimer. Les risques collatéraux sont beaucoup trop élevés. Donc quand vous choisissez de télécharger une compétence, c’est parce qu’elle vous intéresse vraiment. Et derrière, c’est le temps que vous aurez passé à la pratiquer qui fera de vous quelqu’un de meilleur qu’un autre candidat, ou pas.
De plus, chaque personne développe, avec le temps, des compétences que l’on ne peut pas télécharger, comme la créativité, par exemple. On peut théoriser la créativité, mais on ne se décrète pas créatif du jour au lendemain. Idem avec l’empathie et d’autres traits de caractère.
Ce progrès technologique lié à la mémoire, couplé à ce que je vous disais dans le neuvième épisode (le fait que nous ayons réussi à dompter nos biais), a donc permis la construction de carrières intemporelles. Pourquoi ? Parce que les gens sont en constante évolution, que l’apprentissage d’une nouvelle compétence est instantané, peu importe l’âge, que l’on peut bifurquer / pivoter en ajoutant une compétence qui n’a, de prime abord, aucun rapport avec les précédentes… Et la pratique, comme dans Matrix, dans des « centres d’entraînement » virtuels de ses compétences, permet à des jeunes d’acquérir de l’expérience, et à des seniors d’acquérir de l’expérience dans de nouveaux domaines.
Le renouvellement est, potentiellement, perpétuel ! Et ce que vous pensiez être de la science fiction en 2020 est bien une réalité en l’an 3000…
Ce futur est incroyable (même pour celles et ceux qui oublient où ils ont garé leur voiture) et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant.
Rendez-vous la semaine prochaine, pour une future bonne nouvelle… ou une bonne nouvelle du futur !
Info Cognito : forever Young ?
Le citoyen averti que vous êtes sait bien que les populations les plus vulnérables en matière d’emploi sont les jeunes et les séniors. Vous savez aussi que ces difficultés sont dues à des discriminations et à des stéréotypes : un jeune diplômé est évidemment plein d’énergie et de compétences. Oui, mais que dire des vieux ? La cinquantaine n’est-elle pas l’âge du retrait progressif ? Et vous pensez peut-être que la productivité des séniors est bien leur talon d’Achille. C’est normal, c’est dans votre tête…
Aubert et Crépon ont voulu vérifier l’idée selon laquelle la productivité des salariés diminuerait avec l’âge. Pour cela, ils ont imaginé un dispositif audacieux : ils ont étudié les performances de 70 000 sociétés françaises en fonction des âges des salariés. Résultat ? La productivité augmente de façon régulière jusqu’à 45 ans. Elle est stable entre 45 et 55 ans. Elle décroît ensuite très lentement. Cette décroissance est si lente que la productivité des salariés de plus de 65 ans est encore très supérieure à celle des trentenaires. Les raisons ne manquent pas : meilleurs connaisseurs de l’organisation, plus expérimentés ou mieux socialisés, les séniors ont bien des compétences à mettre en jeu.
Les difficultés des jeunes et des séniors en matière d’emploi sont de même nature : ce sont bien principalement des stéréotypes et des croyances illusoires qui maintiennent ces deux populations éloignées de l’emploi. Conclusion ? La prochaine fois que vous croiserez un senior sous-utilisé par son employeur, réjouissez-vous ! Le désintérêt irrationnel pour les compétences des séniors vous préserve de concurrents redoutables dans la course à la promotion !