Alpha, Beta, Gaga

Ce mercredi 17 juin 2020, les élèves de première auraient dû passer l’épreuve écrite de français du baccalauréat. Pour rendre hommage à ce devoir sur table, nous vous proposons de réaliser une étude de texte… Prenons donc cet article, mis en ligne sur Le Point, et mettant en scène Geoffroy Roux de Bézieux, que l’on appelle plus communément le « patron des patrons ».

GRDB estime que les Français « ont besoin de retourner au travail ». Peut-être a-t-il oublié que dans « télétravail », il y avait le mot « travail ». Peut-être y a-t-il confusion entre « travail » et « LIEU de travail » ? Car le travail, les salariés semblent l’avoir fait… même ceux qui étaient supposés être en chômage partiel

Toujours selon le Parisien (pas le quotidien), les Français ont besoin de « se voir », de « se parler », de « recréer de la richesse tous ensemble ». Ces propos tiennent plus du tenancier de bar qui demanderaient à ses clients de revenir consommer chez lui, du G.O. un peu impopulaire du Club Med qui aimerait motiver une foule amorphe, ou encore, du Chief Happiness Officer qui verrait sa table de ping-pong prendre la poussière au bureau et qui dirait, sans broncher, qu’on prend moins de risque à venir au boulot qu’à rester chez soi !

Bref ! Autant de considération humaine, ça fait chaud au cœur. On sent que le patron du Medef place la femme et l’homme au centre. Que le confinement a généré des effets néfastes sur le moral des Français. Mais aussi qu’ils ont beaucoup trop épargné, qu’il est temps de « travailler » et de consommer.

Le télétravail, monstre diabolique ? Que nenni (plus un point pour l’utilisation d’une formule ancienne) ! Pour Geoffroy R.d.B., il s’agit d’une « solution » qui a, début de citation, « amené beaucoup de satisfaction pour certains salariés ». Ici, on peut clairement percevoir l’envie de créer un déséquilibre, puisque « beaucoup » s’oppose à « certains ». C’est un peu comme dire que 2 153 milliardaires (certains) détiennent plus d’argent que 60% de l’humanité (beaucoup). On sent qu’il y a un truc bizarre, mais on ne saurait dire quoi…

Mais Geoffroy R.d.B. tempère tout de même ses propos et poursuit : « mais aussi des contraintes, des burn-out, des problèmes de management au sein des entreprises », fin de citation. Le télétravail serait donc une copie du monde de l’entreprise qui, lui aussi, amène des contraintes, des burn-out et des problèmes de management ?! Noooon ! L’entreprise est un lieu où l’on se parle, où l’on se voit et où l’on crée de la richesse tous ensemble, le patron vous l’a dit !

Nous pourrions également faire un pavé sur sa déclaration concernant les mesures à prendre pour favoriser le recrutement des plus jeunes, alors que la situation des seniors (ce cap que l’on traverse quand on atteint 45 ans, selon les études) est tout aussi dramatique… 

Faire de la politique et de l’économie, sous couvert de « bons sentiments »… Voilà comment résumer cet article et cette prise de parole du patron du Medef. Mais terminons sur une note d’harmonie et de bon sens, puisque nous ne pouvons qu’être d’accord avec cette dernière déclaration : le télétravail « n’est pas l’alpha et l’oméga » (plus un point pour l’utilisation du grec et le parallèle avec le titre de l’édito).

L’actweet RH

Le magasin des suicides…

Existe-t-il un lien entre les conditions de travail et une tentative de suicide ? Selon le rapport de l’Observatoire national du suicide, oui. Le fait d’être au chômage accentue le risque de passer à l’acte… Bref ! On gère des vies et des carrières ! #PasLaFauteAuTélétravail

Il y a jeunes et trop jeunes…

Le travail contraint des enfants risque d’augmenter, dans les prochains mois, à cause de la crise sanitaire et économique actuelle, alertent l’Organisation Internationale du Travail et l’Unicef. Cela pourrait être une première en 20 ans ! #ToujoursPasLaFauteAuTélétravail 

Les cadres aiment la BD !

Ce confinement et ce télétravail forcé vous ont peut-être donné des envies d’ailleurs. Quitter la grande ville et se mettre au vert. Une étude dresse la liste des villes où les cadres aimeraient s’installer, pour travailler, s’aérer et payer moins de loyer. #LaFauteAuTélétravail

 

RH 3000 : une nouvelle représentativité

Bonjour, je m’appelle Antoine LAFOND et je reviens du futur, avec de bonnes nouvelles ! Cette semaine, je vous annonce que le « syndicalisme politique » est mort, mais qu’il existe toujours une forme de représentativité des salariés, au sein des entreprises…

Il y a deux semaines (et la semaine dernière, donc), je vous parlais d’une forme de consultation automatique des collaborateurs, dès lors qu’ils sont directement concernés par une mesure. De plus, je vous disais que l’entreprise ajoutait des options, plus que des cadres, à proprement parler.

Vous l’aurez peut-être compris, mais en l’an 3000, on dialogue. On échange de manière assez directe avec les collaborateurs. Sans intermédiaire. Avec une véritable écoute et considération. Avec l’envie d’atteindre un juste point d’équilibre.

Pour le dire autrement : il n’existe plus d’étiquette. Il n’y a plus de CGT, de CFDT, de FO… Il n’y a plus de grandes figures nationales qui incarnent des mouvements plus politisés qu’autre chose. Qui pensent représenter l’intégralité de leurs adhérents, si ce n’est même des salariés, mais qui ne mettent plus un pied en entreprise et dont la légitimité repose sur des mouvements politiques internes, plus que sur la connaissance des environnements professionnels.

On ne parle plus de dialogue social, mais bien de dialogue humain ! Toutefois, cela ne veut pas forcément dire que la vie professionnelle est toute rose… Que tout est beau. Bien sûr qu’il existe toujours des conflits, même s’ils sont moins nombreux.

En l’an 3000, dans chaque entreprise, il existe des garants du bon dialogue humain. Ce sont des collaborateurs de l’entreprise, élus, qui deviennent indépendants. Cela veut dire qu’ils ne sont ni pour le « patronat », ni pour le « salariat ». Ils ont une posture assez équivalente à celle d’un juge d’instruction, mais interne. Ces garants peuvent être saisis à tout moment, par un collaborateur, un groupe de collaborateurs, un manager, ou un directeur, afin d’arbitrer une situation compliquée.

Cette représentativité permet un dialogue juste et éclairé, loin de toute considération politique. L’un ne s’oppose pas à l’autre. On demande juste un avis qui tient compte du droit, des accords en place, du contexte, des témoignages… Une sorte de conseil des prud’hommes, au sein de l’entreprise, si vous le voulez.

L’avantage, c’est qu’ils connaissent parfaitement l’entreprise, les conditions de travail, mais n’ont aucune attache à un quelconque syndicat, aucune pression politique, que ce soit interne ou externe.

Il est important d’avoir des « juges de paix » en interne, qui n’ont aucune pression et qui assurent la fluidité du dialogue. Ils sont moins médiatisés, mais sont plus légitimes et plus suivis.

Ce futur est incroyable (même quand on n’aime pas le dialogue) et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant.

Rendez-vous la semaine prochaine, pour une future bonne nouvelle… ou une bonne nouvelle du futur !

Info Cognito : confinement blues. 

Bientôt la fin du confinement et bientôt le retour au bureau ! Certes, ce retour sera progressif tant les freins sont encore nombreux. Beaucoup de salariés commencent à ressentir la nostalgie du télétravail. Comme eux, vous pensez peut-être que le travail à la maison est facteur de performance, de calme et d’harmonie. C’est normal, c’est dans votre tête…

La première étude de grande envergure sur le télétravail date de 1998. Hill et son équipe ont étudié le temps de travail, le niveau de stress et la satisfaction de télétravailleurs. Ils les ont comparées à ceux de salariés présentiels et ont, au passage, étudié les différences entre les hommes et les femmes. 

Première surprise : a poste équivalent, le temps hebdomadaire de travail des télétravailleurs est supérieur de 10%, sans pour autant apporter des différences de performances. En télétravail, il faut plus de temps pour en faire autant ! Bref, l’activité des télétravailleurs est comme ralentie.

Deuxième surprise : les télétravailleurs sont moins satisfaits que les autres. Ils décrivent plus de pénibilité, moins de support de leur manager et souffrent de l’absence de contacts avec leurs collègues.

Enfin, troisième surprise, le niveau de stress des télétravailleurs est nettement supérieur à celui des autres. C’est encore plus le cas chez les femmes. En cause, la multiplication des activités et l’absence de possibilité de les séparer.

Bref, le télétravail n’est certes pas la solution pour fabriquer des salariés heureux. Pensez-y quand vous reprendrez le métro bondé !

Partagez l'article :

Facebook
Twitter
LinkedIn

Plus d'éclaircissements :​