World Keeps Going Around…

Sur les messageries instantanées et les réseaux sociaux, autrement appelés «terrasses et comptoirs 2.0», le français discute déjà de l’après-confinement. Du jour d’après. De la Libération avec un grand « L » (mais aucun rapport avec le journal).

Ce sera donc l’occasion, encore une fois, de prendre de bonnes résolutions…

Acheter un chien, autrement appelé « excuse valable pour pouvoir sortir prendre l’air en cas de pandémie », arrêter de critiquer les enseignants, mais aussi bien cuire son steak tartare de pangolin, avant de le manger.

Les DRH aussi réfléchissent aux leçons à tirer de cette expérience hors du commun: télétravail, management à distance, communication, formation, intégration et transmission de la culture d’entreprise, sans lieu physique

Mais qu’en est-il des congés ? Ne serait-ce pas le bon moment pour ripoliner un peu cette zone du droit social ? Vous allez me dire que c’est déjà le cas, par le biais de la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19. Soit ! Mais cette décision est une réaction prise sur le vif, sans réel recul, et qui n’a pas vocation à se pérenniser (normalement).

Soyons clair (donc excessif) : la loi a une vision du travail qui date un peu. Pour elle, le travail est un temps circonscrit, un lieu et des tâches. Parfait dans l’industrie, quand il faut venir à l’usine pour travailler (peu de gens ont un tour-fraiseur X7869 B22 à commande numérique chez eux). Nettement moins parfait dans une économie tertiaire, où les idées viennent quand elles veulent et pas quand c’est l’heure. Confinement ou pas, où sont les frontières entre le travail et le hors-travail ? Personnellement j’ai mes meilleures idées vers 23h30, devant un whisky-coca et mon chat. Parole de confiné : « le matin, malgré 65 cafés, avant 10h30, ça veut pas… ».

L’actweet RH

Chômage partiel et confinement, même combat…

Quelle est la différence entre le droit du travail et le confinement ? Il n’y en a pas : dans les deux cas, certaines personnes se foutent de le respecter ! Des témoignages alertent déjà sur les dérives du chômage partiel, mis en place par certaines entreprises… #AucuneSurprise

Signez sans stylo !

En cette période d’éloignement, le monde digital n’aura jamais autant rapproché les gens. Pour aller plus loin, pourquoi ne pas opter pour la signature électronique ? Simple et rapide, elle vous évitera aussi de partager les microbes qui se trouvent sur votre stylo… #JeSuisMonk

Le recrutement n’est pas mort !

Et certains métiers sont d’ailleurs très prisés, lors de cette apocalypse sanitaire. Même si aucune entreprise ne cherche de tueurs de zombies, certaines recrutent dans la santé, ou dans la logistique… Pour réussir vos recrutements, la solution est en-dessous… #SavenTheBest

RH 3000 : Congés libérés (délivrés)

Bonjour, je m’appelle Antoine LAFOND et je reviens du futur, avec de bonnes nouvelles ! Cette semaine, je vous annonce que les congés ont été libérés ! Un peu comme une princesse des neiges qui aurait été délivrée d’une malédiction, ou d’un Freddy Mercury déguisé en ménagèreOui, les congés sont libres et tout le monde est heureux ! Mieux encore ! Les gens sont beaucoup plus productifs ! Chaque personne est libre de prendre des congés (payés) quand elle le souhaite, et autant qu’elle le souhaite ! Voilà ! C’est aussi simple que ça !

Mais cela veut dire autre chose : on ne travaille plus pour acquérir des congés payés ! Quand je racontais aux personnes de l’an 3000 qu’on devait faire ça pour pouvoir se reposer, elles se foutaient (encore une fois) de ma gueule ! Elles me disaient que c’était une vision extrêmement biblique du travail : Dieu créa ceci et cela en six jours et se reposa le dernier.

En l’an 3000, la vision du travail est beaucoup plus simple et personnalisée. Le travail est constitué d’une mission et d’une date butoir. Point. Et vous répétez.

À quoi bon travailler, quand on n’a pas la tête à ça ? À quoi bon se forcer, se mettre la pression, stresser, ou se connecter à son espace de travail, si c’est pour penser à autre chose ? Si c’est pour être là, sans vraiment être là. À quoi bon conserver la notion de « week-end » ? Nous avons des rythmes différents et ce constat a mis du temps (200 ans, donc) à générer une organisation du travail plus adaptée.

Alors oui, il y a eu des abus, au début. Il y a eu un temps d’adaptation nécessaire, pour pouvoir mettre en place un nouveau cadre pour, justement, éviter les dérives. Le délai pour remplir sa mission est fixé d’un commun accord entre le manager / l’employeur et le salarié. De nouvelles règles de licenciement ont été créées, afin qu’aucune des parties n’abuse de cette situation.

Au final, quand les gens travaillent, ils travaillent vraiment. Ils sont plus reposés et plus productifs. Ils sentent qu’on leur fait confiance et, par conséquent, cherche à honorer cette confiance.

Quid des métiers qui nécessitent une certaine astreinte, comme un service client télépathique, par exemple ? Le premier niveau est assuré par des intelligences artificielles suffisamment développées (mais pas trop, cf. la guerre qui a opposé les Hommes aux Machines, en 2145). Le deuxième niveau est assuré par des humains… salariés de l’entreprise et qui travaillent en mode Uber. S’ils n’ont pas envie de travailler le lundi, ils ne travaillent pas le lundi. Ils travaillent quand ils veulent, en se connectant à une application. Un salaire de base est versé par l’entreprise, et les gens touchent un complément pour chaque jour travaillé (en fonction du nombre de clients traités, ou d’heures travaillés).

La conséquence sociale est également immense ! Il n’y a plus de saisons, ma bonne dame ! Plus de haute ou de basse. Les gens partant quand ils veulent, le tourisme responsable se fait à n’importe quel moment de l’année. Et pour garder les enfants ? Simple ! Au tout début, une start-up avait inventé « Ma Mamy à la Maison » qui permettait aux parents de faire surveiller leurs enfants par des personnes âgées triées sur le volet. En l’an 3000, c’est désormais plus simple : les enfants peuvent partir aussi, ils suffit d’uploader les connaissances adéquates dans le cerveau des enfants, grâce à une puce qui se branche et se débranche.

Ce futur est incroyable (un peu flippant aussi, avec cette histoire de puce) et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant.

Rendez-vous la semaine prochaine, pour une future bonne nouvelle… ou une bonne nouvelle du futur !

Info Cognito

La recherche en psychologie a puisé dans de nombreuses métaphores. La chronopsychologie, ou l’étude des contraintes du temps sur les comportements, a utilisé l’image du métronome. Comme cet instrument qui cadence le temps, nos capacités cognitives seraient soumises à des rythmes précis et immuables. Certains seraient liés à des facteurs externes : Aschoff, le pionnier de la chronopsychologie, a montré que notre environnement nous apportait des « zeitgeber » (des « donneurs de temps ») physiques (l’alternance jour/nuit) mais aussi sociaux (les horaires de travail). D’autres rythmes auraient une origine interne, comme les cycles de sommeil ou de la digestion. Bref, nous ne sommes pas que des esprits, et nos machines cognitives dépendent de nos mécaniques biologiques. 

Nos capacités d’analyse, nos actions et nos comportements sont étroitement liées à nos rythmes physiologiques. Or ces rythmes internes sont multiples, tout comme sont multiples les « zeitgeber » sociaux ou physiques. Certains priment sur d’autres : les rythmes sociaux s’imposent aux rythmes biologiques. Les horaires de travail priment sur les cycles de sommeil.  Or, à ce jour, près de 25% des actifs français sont devenus des télétravailleurs « full remote », c’est-à-dire des salariés qui travaillent exclusivement depuis leurs domiciles. Ils n’étaient que 1.9% avant la crise. De nombreux français découvrent donc que le télétravail n’est pas une simple relocalisation du travail : c’est un rapport aux autres et au travail radicalement différent. C’est aussi un rapport au temps inédit. Travailler de chez soi, c’est gérer son planning. Les rythmes sociaux disparaissent (arriver au bureau, faire des pauses avec les autres, manger, rentrer chez soi…). Et cette disparition révèle d’autres rythmes, psychologiques et biologiques. Lorsque les contraintes sociales s’allègent, les rythmes individuels réapparaissent. La créativité, l’imagination et la concentration ne pointent pas.  Bénéfice de la crise, chacun va pouvoir repérer les horaires de la journée auxquels il ferait mieux de classer les archives plutôt que de concevoir le plan d’actions de 2021. Et c’est sans doute une libération que de comprendre que ses rythmes personnels sont bien à l’étroit dans les rythmes imposés par l’entreprise.

 

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