6eme sens

La crise économico-socio-sanitaire (rien que ça), qui nous impacte (toutes et tous) violemment, a fait naître d’importantes inquiétudes vis-à-vis des « jeunes » et leur insertion sur le marché du travail. La « Génération Covid » (puisqu’elle doit avoir un nom, comme toutes les précédentes) rencontre des difficultés à trouver un premier emploi, un stage, ou encore une alternance, dans le contexte tendu que nous traversons.

C’est un fait : en cette période, les entreprises sont plus frileuses en matière d’embauche. On ne connaît pas encore réellement l’amplitude du séisme, étant donné que nous sommes encore en train d’en subir ses effets. Une chose est sûre : nous y verrons plus clair d’ici un an ou deux, mais certainement pas avant.

Fort heureusement, pour redonner espoir à cette génération damnée, le Gouvernement, et notamment notre ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, a concocté un plan de relance aux petits oignons dans lequel on retrouve une partie dédiée aux jeunes et à leur insertion dans le monde merveilleux du travail. Il s’intitule « #1jeune1solution » (le dièse est important, parce que ça fait jeune, justement). En gros, il s’agit d’injecter 6,5 milliards d’euros pour « aider les jeunes arrivant sur le marché du travail en septembre » et, surtout, « ne laisser personne sur le bord de la route ».

Face à tant de détermination pour sauver la « Génération Covid » (soit 750 000 jeunes arrivés sur le marché du travail, en septembre 2020, d’après notre ministère), on est en droit de se demander, en cette Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH), ce qui est proposé pour les personnes en situation de handicap et les un peu moins de 500 000 chômeurs en situation de handicap (déclarés !)…

Il est intéressant de constater que dans « France Relance », le plan de relance à 100 milliards d’euros imaginé par le Gouvernement, le mot « handicapés » n’apparaît qu’à deux reprises dans la rubrique dédiée aux mesures : une fois pour le Contrat Initiative Emploi Jeunes et une fois pour le Parcours Emploi Compétences Jeunes.

En 2020, les personnes en situation de handicap souffrent également de la crise… D’après le Collectif Handicaps, les travailleurs handicapés « sont les plus pénalisés par la crise sanitaire ». Il ne s’agit pas d’un concours du plus malheureux, mais rappelons tout de même que le taux de chômage des personnes ayant une reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH) est deux fois plus important que celui du reste de la population active.

En cette situation exceptionnelle, le plan « France Relance » devrait donc bien prévoir quelques milliards pour les plus de deux millions (2,8 millions en 2018) de personnes en âge de travailler et reconnus handicapées… Pour leur insertion difficile (peu importe la période) dans le monde du travail…

Cet été, Jean Castex a donc avancé le chiffre de… 100 milli…ons d’euros pour « favoriser leur accès à l’emploi ». Quand on sait que peu d’entreprises respectent le quota de 6% d’embauche de personnes reconnues en situation de handicap, que ces dernières font toujours l’objet de discrimination, sont toujours stigmatisées et que la pression sociale peut dissuader certaines personnes handicapées à entamer des démarches pour obtenir une RQTH… On se dit qu’il est préférable d’être « jeune » et bien portant quand même.

L’actweet RH

Explosion des arrêts de longue durée !

De septembre 2019 à août 2020, le nombre d’arrêts maladie de longue durée a augmenté de 33% dans le secteur privé, par rapport aux douze mois précédents, a révélé une enquête menée par l’IFOP. Et 45% de ces arrêts seraient d’origine professionnelle… #LeTravailCestLaSanté

Une Belge sur deux !

Non, ce n’est malheureusement pas le début d’une blague… Selon StepStone, 55% des salariées belges disent avoir déjà été victimes de comportements inappropriés sur leur lieu de travail. Et au bureau, c’est un sujet tabou, puisque très peu de victimes en parlent… #BalanceTon

Du nouveau pour le forfait mobilités durables !

Les EDPM vont devenir éligibles au forfait mobilités durables à partir du 1er janvier 2022 ! Le remboursement des trajets domicile-travail pourra se faire dans la limite de 500€ par an, notamment pour les propriétaires d’une trottinette électrique, ou encore d’un monoroue. #Youpi

 

RH 3000 : inarrêtables !

Bonjour, je m’appelle Antoine LAFOND et je reviens du futur, avec de bonnes nouvelles ! Cette semaine, je vous annonce que le handicap (qui existe toujours en l’an 3000) est perçu d’une manière positive, que ce soit au sein de l’espace public, ou dans la sphère professionnelle. La stigmatisation a laissé place à l’acceptation et l’inclusion !

Pour être tout à fait précis, les avancées en matière de santé et les progrès technologiques ont totalement bouleversé la société. En pratiquement un millénaire, les chercheurs et ingénieurs ont trouvé d’innombrables solutions et traitements ! On sait désormais fabriquer des organes et des membres pour remplacer ceux qui ne fonctionnent pas bien. La médecine est capable de réagir extrêmement vite, lors de l’apparition de nouvelles maladies. L’espérance de vie a plus que doublé, tout en ayant une qualité de vie absolument correcte.

L’être humain est devenu totalement hybride. C’est devenu la « normalité », dans le futur. À vrai dire, ce concept de « normalité » n’existe plus vraiment. À partir d’un certain âge, tout le monde se fait remplacer une partie de soi… Plus personne ne peut être perçu comme un handicapé, ou tout le monde l’est, à un moment, ou à un autre. Tout le monde en a conscience, car tout le monde bénéficie de cette « augmentation artificielle » de soi.

Encore une fois, les compétences sont au centre de tout et on se fiche bien que vous ayez un poumon artificiel, ou un foie d’origine. Que vous ayez été aveugle, ou que vous souffriez d’une forme de diabète. Qu’il vous manque un bras, ou une jambe. Que vous ayez été bipolaire ou dépressif. En l’an 3000, le handicap existe toujours, mais parce qu’il peut être traité, il n’est plus vu de la même façon.

On peut regretter qu’un changement de regard n’aie pas eu lieu plus tôt, juste parce qu’une personne handicapée est un être humain comme les autres. On peut regretter que cette acceptation soit assez « artificielle ». Mais finalement… ne doit-on pas retenir le fait que tout le monde soit désormais « logé à la même enseigne » ? Que le regard des gens ne soit plus différent, d’une personne à une autre ?

Cet avenir bionique peut vous donner le vertige et je le comprends parfaitement. L’avantage, c’est que chaque environnement de travail est adapté à chaque personne (que ce soit chez soi, forcément, ou dans les versions évoluées du co-working que nous connaissons au début des années 2000). Il n’y a plus de discrimination non plus, évidemment.

Chaque personne souffre d’un handicap, ou est la somme de plusieurs handicaps… Il n’y a rien de mal. C’est normal, tout du moins en l’an 3000. Il est juste dommage, encore une fois, que l’on ne s’en soit pas rendu compte plus tôt.

Ce futur est incroyable (même pour celles et ceux qui ont une santé de fer jusqu’à 90 ans) et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant.

Rendez-vous la semaine prochaine, pour une future bonne nouvelle… ou une bonne nouvelle du futur !

Info cognito : génération Covid ? 

La crise économique nous menace ; elle affecte l’emploi en général et touche en particularité les primo-entrants. Les jeunes diplômés, qui semblaient avalés sans problème par le marché, pourraient bien être confinés dans le chômage. Cette expérience douloureuse, qui tranche avec celle de ceux nés plus tôt, semble créer des points communs à tous ces jeunes, créer un rapport au monde partagé et, finalement, façonner une pensée collective. C’est ainsi, pense-t-on, que se constituent les générations : la rencontre commune avec un événement marquant, à un âge où les identités sont encore en construction, créerait des représentations spécifiques à une classe d’âge. Vous pensez sûrement, donc, qu’une « génération covid » se façonne sous nos yeux. C’est normal, c’est dans votre tête.

L’idée de génération, explorée par les sciences sociales, est très différente de ce que le sens commun en pense. Car elle décrit, paradoxalement, ce qui ne change pas. On analyse les générations pour montrer comment la société se reproduit et comment, donc, les structures sociales encadrent les pensées et les comportements. Les différentes classes sociales assurent l’éducation de leurs enfants et leurs inculquent leurs valeurs, leurs croyances et leurs visions du monde. Rien ne ressemble plus à un cadre qu’un enfant de cadre. Mais comme la mixité sociale est très relative dans notre pays, chacun fréquente plutôt des individus qui lui ressemblent. L’attention est donc attirée par les différences plutôt que par les similitudes. 

Ce qui ne change pas non plus, c’est le regard porté sur la jeunesse. A toutes les époques, elle est dite insubordonnée mais créative, ouverte à l’innovation mais rétive à l’autorité, ou encore soucieuse du bien collectif mais égoïste. L’idée de génération cache donc la stabilité des grandes croyances qui structurent chaque groupe social et, aussi, un stéréotype sur les jeunes.

Conclusion ? La prochaine fois que vous entendrez un quadra s’inquiéter des temps qui changent et de « cette jeune génération », rassurez-le : son grand-père pensait déjà la même chose de lui.

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