Le citoyen averti que vous êtes sait bien que les populations les plus vulnérables en matière d’emploi sont les jeunes et les séniors. Vous savez aussi que ces difficultés sont dues à des discriminations et à des stéréotypes : un jeune diplômé est évidemment plein d’énergie et de compétences.
Oui, mais que dire des vieux ? La cinquantaine n’est-elle pas l’âge du retrait progressif ? Et vous pensez peut-être que la productivité des séniors est bien leur talon d’Achille.
C’est normal, c’est dans votre tête…
Aubert et Crépon ont voulu vérifier l’idée selon laquelle la productivité des salariés diminuerait avec l’âge. Pour cela, ils ont imaginé un dispositif audacieux : ils ont étudié les performances de 70 000 sociétés françaises en fonction des âges des salariés.
Résultat ?
La productivité augmente de façon régulière jusqu’à 45 ans. Elle est stable entre 45 et 55 ans. Elle décroît ensuite très lentement. Cette décroissance est si lente que la productivité des salariés de plus de 65 ans est encore très supérieure à celle des trentenaires. Les raisons ne manquent pas : meilleurs connaisseurs de l’organisation, plus expérimentés ou mieux socialisés, les séniors ont bien des compétences à mettre en jeu.
Les difficultés des jeunes et des séniors en matière d’emploi sont de même nature : ce sont bien principalement des stéréotypes et des croyances illusoires qui maintiennent ces deux populations éloignées de l’emploi.
Conclusion ?
La prochaine fois que vous croiserez un senior sous-utilisé par son employeur, réjouissez-vous !
Le désintérêt irrationnel pour les compétences des séniors vous préserve de concurrents redoutables dans la course à la promotion